Je suis sensible. Peut-être même bien « hypersensible ». J’ai tendance à être emporté par ce que j’éprouve, par mes émotions. Je suis changeant. Avec elle, avec les autres. J’ai vécu de belles choses grâce à cela… mais aussi de grandes tristesses.
Dans notre société de la performance, le couple fait partie de ce que l’on doit pouvoir afficher, comme des amis, un boulot, des enfants, un réseau… Le couple fait envie. Certains couples me font envie. Le couple est partout. Une exposition à la hauteur des attentes dont on l’investit… Mais aussi de l’angoisse qui l’entoure.
Pourquoi ai-je besoin qu’elle affiche son amour face à la terre entière comme d’autres le font ? Qu’elle se comporte avec moi comme certaines se comportent avec leur mec ? Pourquoi je ressens le besoin d’être aimé à ma façon… au lieu d’accepter d’être aimé à sa manière ?
Mes attentes sont multiples, parfois contradictoires. Quand je l’ai rencontré, je lui ai demandé de m’aimer, de me soutenir, de me distraire, de m’écouter, de me consoler… tout en nous laissant nous épanouir. J’attends de mon couple qu’il me permette d’exister plus fortement en tant qu’homme. Je suis à la recherche de l’entraide, de la confiance, de la complicité, du dialogue, du plaisir et d’une sexualité épanouie… J’ai tendance à être exigeant et pourtant, je sais que maintenir notre relation est ce qui est le plus difficile car elle aussi a ses attentes envers moi.
Aujourd’hui je me rends compte que j’attends beaucoup trop d’elle, alors que, la plupart du temps, j’ai du mal à voir clair dans mes propres attentes. Finalement, je pense qu’il serait plus sain de miser sur « notre relation » plutôt que sur « elle » : je pourrais reconnaître mes insatisfactions sans forcément la remettre en cause et surtout, sans vouloir la changer sans arrêt.
Je crois que l’aimer et la respecter, c’est lui permettre d’être elle-même. N’est-ce pas « elle » que je voulais ? Il faut que j’arrête d’attendre qu’elle soit d’une certaine façon. Que je lui porte une attention particulière, que je la respecte pour ce qu’elle est et non pour ce que je voudrais qu’elle soit. Elle est remarquable, je le sais et il m’a suffi de peu de temps pour le voir…
Elle ne peut pas lire dans mes pensées. Il m’arrive de faire la tête dans mon coin alors que c’est le comportement le plus bête qu’il soit : elle ne saura jamais comment je me sens à moins que je lui dise ! Dans un couple, on doit communiquer régulièrement et efficacement. J’insiste sur le mot EFFICACEMENT car bien souvent, je me lance et j’engage la conversation… mais jamais avec les bons mots et la colère prend le dessus, les sentiments aussi… les larmes se mettent à couler et notre couple en prend un coup… Elle me déçoit, je la déçois… et qu’avons-nous gagné de toutes nos disputes ? Pas grand chose. Rien ne peut vraiment changer en ne regardant que ce que l’on attend de l’autre.
Je dois pouvoir la regarder dans les yeux et lui dire calmement : « je suis perdu et je lutte en ce moment »… Au fond de moi, je sais qu’elle hochera la tête et me répondra « moi aussi » ! Et c’est bien. C’est bien parce que finalement, ne pas être bien tout le temps, je pense que c’est parfaitement bon pour un couple. Il y a des hauts… Il y a des bas… Quoi de plus normal après tout ? Moi non plus je ne suis pas parfait. Loin de là. Elle aussi elle attend beaucoup de moi. Je suis persuadé de tout faire pour elle mais pas une seule fois je me suis demandé ce qu’elle attendait vraiment de moi. C’est vrai, je peux très bien tout faire « à côté de la plaque ». C’est tellement difficile de se dire que nous sommes parfois malheureux de notre propre faute. Que le bonheur de celle qu’on aime passe par le nôtre… et que si l’un d’entre nous n’est pas heureux, aucun de nous deux ne peut l’être vraiment.
Nous avons tous les deux des attentes multiples, parfois contradictoires et bien souvent trop élevées. Entre toutes nos demandes de sécurité, de réalisation sociale, d’épanouissement sexuel, de guérison des blessures… En prenant un peu de recul, il est tout à fait normal que l’on puisse avoir du mal à tout combler. Est-ce une raison pour douter de l’amour de l’autre ? Après réflexion, je crois bien que non.
« Ce que l’amour peut faire, l’amour ose le tenter. »
William Shakespeare